Un vert à-venir
Ethiquette
Le recyclage et la conscience écologique,
plus qu’une action ponctuelle dictée par les marketings divers et avariés doit être
une démarche consciente, pensée. Cette démarche doit venir d'une réflexion basée
sur les faits et la dégradation perpétuelle de son environnement par l'homme.
Les ressources disparaissent les unes après les autres, les extractions
diverses de ces ressources érodent et polluent de plus en plus une nature déjà abimée
par presque 2 siècles d'industrialisation.
Ce n’est pas une étiquette sur
votre bouteille d'eau ou vos cabas à la place des sacs en plastique qui va
changer cela. Les problèmes ne se traitent pas et ne se résolvent pas à la
pointe des icebergs en pleine fonte mais en allant droit à leurs racines. Tout
le monde se rachète une (bonne) petite conscience à coups de produits
certifiés, étiquetés, labélisés. Bonne conscience plutôt que conscience: après
avoir fait sa petite action bio, on peut dormir tranquille sur ses deux oreilles
en croyant que grâce a sa « petite goutte dans l’océan », la planète n'explosera
pas demain, les forêts arrêteront de disparaitre, les animaux en voie
d'extinction pourront recommencer à se reproduire : tout est bien qui
finit bien.
Le constat final pourrait ne
pas se révéler aussi rose, ou vert, et les solutions classiques n'être pas
suffisantes.
Consommation de masse
La plupart des objets faisant
partie intégrante de nos vies ne sont pas recyclables. Certains objets sont « programmés »
pour tomber en panne après peu de temps et ne sont pas réparables pour pousser
les gens à acheter a nouveau (machines à laver le linge, grille-pain et autre
appareils ménagers). Par le passé, ces mêmes appareils pouvaient durer des décennies
ou être effectivement réparés.
Les objets électroniques et tous
les gadgets relatifs à la course au progrès, à la vitesse de communication au
sein des « réseaux sociaux », les téléphones portables et autres
tablettes sont pour la plupart non recyclables. Les batteries sont maintenant
totalement intégrées à l'objet. Les métaux lourds et extrêmement polluants, comme
le mercure ou le plomb, que l’on trouve dans ces appareils portables de même
que dans les ordinateurs de bureau, finissent donc à la poubelle puis dans la
nature où ils polluent les nappes phréatiques et empoisonnent les sols. Nos
appareils électroniques ont une longévité de plus en plus limitée et deviennent
très vite obsolètes. Manque de compatibilité, effet de mode, progrès et
miniaturisation galopants nous forcent à consommer toujours plus pour rester
performants, « dans la course ».
Certains composants de ces derniers sont recyclables, cuivre, métaux divers
ayant encore une valeur. Mais le recyclage est fait dans des pays sous-développés,
de manière clandestine, par des travailleurs sous-payés dont la survie en dépend.
Les sols sont contaminés en profondeur. Les travailleurs, sans protection
d’aucune sorte, tombent vite malades et mourront probablement de cette
contamination. L’ironie est qu’une fois les matériaux « précieux » récupérés,
ils sont ensuite réacheminés vers l’Occident. Recyclage laissant pollutions,
exploitation et morts dans son sillage.
Malgré des efforts récents dans
le recyclage des plastiques, cela ne constitue qu'une partie infime comparée à
la production mondiale et journalière de matières plastiques neuves. Elles sont
dangereuses pour la santé (récente interdiction dans certains pays occidentaux
du bisphénol A utilisé dans la production des bouteilles d’eau et autres
biberons). Ces matières s’entassent, sous les formes les plus diverses, dans la
nature, pour des centaines d’années (en moyenne 500 ans). Dans les océans, les
courants ont poussé des montagnes de déchets plastiques maintenant bloquées à
certains endroits, telle la Grande zone d’ordures du Pacifique (une nouvelle
plaque vient d’être découverte dans l’Atlantique Nord). Même une fois dégradées,
les matières plastiques ne se décomposent jamais totalement et on les retrouve jusque
dans la chair des poissons. Dans ces décharges océanes, le plancton, source
primaire de la vie pour les êtres marins, est réduit à l extrême, car les
plaques de déchets font écran à la lumière du soleil et empêchent le développement
de la vie sous-marine.
On cherche maintenant à
produire des plastiques d'origines végétales, dégradables et plus sains pour la
santé. Mais ces recherches sont encore limitées et utilisent des matières de
base comme le mais. Celui-ci, souvent génétiquement modifié, demande pour une
bonne croissance une importante consommation d’eau douce, des engrais et des
pesticides. Donc polluant, gourmand en ressources et dangereux pour la santé et
menaçant, comme la production des biocarburants, d’affamer une bonne partie de
l’humanité. Il faut aussi savoir que le prochain problème auquel nous devrons
faire face sera le manque d’eau douce et potable.
Il faut évidemment ajouter à tout cela le
transport des marchandises, la pollution liée au dégagement de CO2, le pétrole employé
et toute la logistique pour que les produits de l’atelier du monde, la Chine,
arrivent dans nos magasins déjà surchargés. Ce système nous permet de bénéficier
de produits "abordables" et de faire ainsi tourner la roue destructrice
de l’économie globale, nous poussant à consommer toujours plus.
Un nouveau problème se développe, l'épuisement des ressources minières en métaux
et minéraux divers et le manque de terres arables. Récemment les traders de Wall
Street ainsi que bon nombre d’investisseurs se sont jetés sur ce nouveau marché
qu'ils créent au fur et à mesure qu'ils l’exploitent et en tirent profit. Des
hectares de terres sont achetés ou loués pour des décennies en Afrique, principalement
par des entreprises. Les terres sont utilisées pour la culture de diverses
plantes, principalement du mais et du blé. La plupart de ces cultures sont
intensives, utilisant des engrais très agressifs et de nouvelles générations de
plantes génétiquement modifiées poussant à une allure extrême. Les terres sont
appauvries très vite, les écosystèmes détruits. Les paysans et les populations
locales sont expropriés sans compensation et privés des seules ressources leur
permettant de se nourrir.
Cecile Moreau, Juin 2011. A suivre...