Sep 19, 2011

Nature morte, Marc Froment-Meurice, Heidegger






La Nature ne doit cependant pas s’entendre ici comme ce qui subsiste sans plus, et pas davantage comme force naturelle. La forêt est du bois, la montagne une carrière, la rivière une force hydraulique, le vent est du vent « dans les voiles ». Avec le « monde environnant » découvert, se rencontre aussi bien la « Nature » découverte. On peut faire abstraction de son mode d’être comme employable, et ne la découvrir et ne la déterminer que dans son pur subsister. Mais à ce mode de découvrir la Nature, restera aussi cachée la Nature comme ce qui « s’étend et tend », nous tombe dessus, nous captive comme paysage. Les plantes du botaniste ne sont pas les fleurs du sentier, les « sources » géographiquement fixées d’un fleuve ne sont pas « la source vive ».
Heidegger, Etre et Temps, 1927, p.70.

Sep 8, 2011

Un vert à-venir - Episode 1


Un vert à-venir


Ethiquette
Le recyclage et la conscience écologique, plus qu’une action ponctuelle dictée par les marketings divers et avariés doit être une démarche consciente, pensée. Cette démarche doit venir d'une réflexion basée sur les faits et la dégradation perpétuelle de son environnement par l'homme. Les ressources disparaissent les unes après les autres, les extractions diverses de ces ressources érodent et polluent de plus en plus une nature déjà abimée par presque 2 siècles d'industrialisation.



Ce n’est pas une étiquette sur votre bouteille d'eau ou vos cabas à la place des sacs en plastique qui va changer cela. Les problèmes ne se traitent pas et ne se résolvent pas à la pointe des icebergs en pleine fonte mais en allant droit à leurs racines. Tout le monde se rachète une (bonne) petite conscience à coups de produits certifiés, étiquetés, labélisés. Bonne conscience plutôt que conscience: après avoir fait sa petite action bio, on peut dormir tranquille sur ses deux oreilles en croyant que grâce a sa « petite goutte dans l’océan », la planète n'explosera pas demain, les forêts arrêteront de disparaitre, les animaux en voie d'extinction pourront recommencer à se reproduire : tout est bien qui finit bien.
Le constat final pourrait ne pas se révéler aussi rose, ou vert, et les solutions classiques n'être pas suffisantes.

Consommation de masse
La plupart des objets faisant partie intégrante de nos vies ne sont pas recyclables. Certains objets sont « programmés » pour tomber en panne après peu de temps et ne sont pas réparables pour pousser les gens à acheter a nouveau (machines à laver le linge, grille-pain et autre appareils ménagers). Par le passé, ces mêmes appareils pouvaient durer des décennies ou être effectivement réparés.
Les objets électroniques et tous les gadgets relatifs à la course au progrès, à la vitesse de communication au sein des « réseaux sociaux », les téléphones portables et autres tablettes sont pour la plupart non recyclables. Les batteries sont maintenant totalement intégrées à l'objet. Les métaux lourds et extrêmement polluants, comme le mercure ou le plomb, que l’on trouve dans ces appareils portables de même que dans les ordinateurs de bureau, finissent donc à la poubelle puis dans la nature où ils polluent les nappes phréatiques et empoisonnent les sols. Nos appareils électroniques ont une longévité de plus en plus limitée et deviennent très vite obsolètes. Manque de compatibilité, effet de mode, progrès et miniaturisation galopants nous forcent à consommer toujours plus pour rester performants, « dans la course ».
Certains composants de ces derniers sont recyclables, cuivre, métaux divers ayant encore une valeur. Mais le recyclage est fait dans des pays sous-développés, de manière clandestine, par des travailleurs sous-payés dont la survie en dépend. Les sols sont contaminés en profondeur. Les travailleurs, sans protection d’aucune sorte, tombent vite malades et mourront probablement de cette contamination. L’ironie est qu’une fois les matériaux « précieux » récupérés, ils sont ensuite réacheminés vers l’Occident. Recyclage laissant pollutions, exploitation et morts dans son sillage.
Malgré des efforts récents dans le recyclage des plastiques, cela ne constitue qu'une partie infime comparée à la production mondiale et journalière de matières plastiques neuves. Elles sont dangereuses pour la santé (récente interdiction dans certains pays occidentaux du bisphénol A utilisé dans la production des bouteilles d’eau et autres biberons). Ces matières s’entassent, sous les formes les plus diverses, dans la nature, pour des centaines d’années (en moyenne 500 ans). Dans les océans, les courants ont poussé des montagnes de déchets plastiques maintenant bloquées à certains endroits, telle la Grande zone d’ordures du Pacifique (une nouvelle plaque vient d’être découverte dans l’Atlantique Nord). Même une fois dégradées, les matières plastiques ne se décomposent jamais totalement et on les retrouve jusque dans la chair des poissons. Dans ces décharges océanes, le plancton, source primaire de la vie pour les êtres marins, est réduit à l extrême, car les plaques de déchets font écran à la lumière du soleil et empêchent le développement de la vie sous-marine.
On cherche maintenant à produire des plastiques d'origines végétales, dégradables et plus sains pour la santé. Mais ces recherches sont encore limitées et utilisent des matières de base comme le mais. Celui-ci, souvent génétiquement modifié, demande pour une bonne croissance une importante consommation d’eau douce, des engrais et des pesticides. Donc polluant, gourmand en ressources et dangereux pour la santé et menaçant, comme la production des biocarburants, d’affamer une bonne partie de l’humanité. Il faut aussi savoir que le prochain problème auquel nous devrons faire face sera le manque d’eau douce et potable.


Il faut évidemment ajouter à tout cela le transport des marchandises, la pollution liée au dégagement de CO2, le pétrole employé et toute la logistique pour que les produits de l’atelier du monde, la Chine, arrivent dans nos magasins déjà surchargés. Ce système nous permet de bénéficier de produits "abordables" et de faire ainsi tourner la roue destructrice de l’économie globale, nous poussant à consommer toujours plus.

Un nouveau problème se développe, l'épuisement des ressources minières en métaux et minéraux divers et le manque de terres arables. Récemment les traders de Wall Street ainsi que bon nombre d’investisseurs se sont jetés sur ce nouveau marché qu'ils créent au fur et à mesure qu'ils l’exploitent et en tirent profit. Des hectares de terres sont achetés ou loués pour des décennies en Afrique, principalement par des entreprises. Les terres sont utilisées pour la culture de diverses plantes, principalement du mais et du blé. La plupart de ces cultures sont intensives, utilisant des engrais très agressifs et de nouvelles générations de plantes génétiquement modifiées poussant à une allure extrême. Les terres sont appauvries très vite, les écosystèmes détruits. Les paysans et les populations locales sont expropriés sans compensation et privés des seules ressources leur permettant de se nourrir.


Cecile Moreau, Juin 2011. A suivre...